Qui sommes-nous ?

La « Société de patronage des enfants pauvres de la ville de Lyon et de ses faubourg », c’est son nom depuis l’origine ; même si, entre nous utilisons couramment celui de Patronage ou de Société de Patronage. Mais il porte tout le symbole de sa création et de la continuité de notre action. Fonctionnant encore de nos jours après 184 années d’activité ininterrompue, à travers vents et marées, monarchie, empires, républiques, grandes guerres, conflits de toutes sortes,

Un idéal de solidarité depuis 1840

Une histoire du Patronage

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La « Société de patronage des enfants pauvres de la ville de Lyon et de ses faubourg », c’est son nom depuis l’origine ; même si, entre nous utilisons couramment celui de Patronage ou de Société de Patronage. Mais il porte tout le symbole de sa création et de la continuité de notre action. Fonctionnant encore de nos jours après 184 années d’activité ininterrompue, à travers vents et marées, monarchie, empires, républiques, grandes guerres, conflits de toutes sortes, crises économiques et grandes mutations. Son objet initial a disparu grâce au progrès social et à l’évolution de la société ; mais reste le sens de son action : l’aide aux jeunes les plus défavorisés pour leur permettre de suivre des études et d’accéder à un métier. Le Patronage continue à œuvrer aujourd’hui dans la discrétion et à traduire modestement, mais quotidiennement, en actes l’idéal de solidarité, fidèle à l’engagement de ses membres de travailler « au progrès de l’humanité ». Un de nos fondateurs, César Bertholon, écrivait en 1840 « De quel droit enfermer celui qui mendie quand vous n’avez pas songé à lui apprendre un métier, à lui assurer du travail ? ».

« Faciliter leur avenir »

Dressons le décor : nous sommes en 1839, à Lyon où règne une grande misère parmi de nombreuses familles d’ouvriers. Depuis 1830 Louis-Philippe est au pouvoir, c’est la Monarchie de juillet. À deux reprises, en 1831 et 1834, les ouvriers Canuts de Lyon se sont insurgés contre le salaire minimum imposé par leurs patrons et chaque fois, leur révolte a été réprimée dans le sang. Ces terribles événements ont fait prendre conscience de l’immense misère qui règne dans de nombreuses familles d’ouvriers lyonnais. Les enfants sont les plus à plaindre, souvent à l’abandon dans les rues, mal nourris et mal soignés, leur mortalité est importante, et leur éducation négligée par des parents affamés. Tout commence par une partie de cartes. Trois bourgeois lyonnais jouaient régulièrement aux cartes, et peu à peu la cagnotte alimentée par les perdants grossissait. Alors, qu’en faire, s’offrir un gueuleton, un voyage ? Ils n’en étaient pas privés. Ces bourgeois aisés partageaient un idéal de solidarité humaine. Ils avaient pour nom Joseph BERGIER, Claude VACHEZ, et César BERTHOLON. L’intention leur vint d’aider les familles nécessiteuses à nourrir, soigner, élever et éduquer leurs enfants en les accompagnants jusqu’à l’entrée dans la vie professionnelle. La cagnotte n’y suffisant pas, ils firent appel à leurs entourages et connaissances et l’on créa une association, ou chacun s’engage comme « patrons » et « dames patronnesses » et suivraient ces enfants en assurant leurs dépenses jusqu’à ce qu’ils aient un métier. L’idée du patronage était née. César Bertholon argumente avec passion : « Combien d’enfants aujourd’hui croissent abandonnés comme des plantes sauvages, sans profiter des ressources que la société leur offre ! »  « Combien enfin ne se sont aperçus qu’ils vivaient au sein d’une société que lorsqu’ils se sont trouvés en face de la loi, prête à les flétrir ».

Le 21 août 1840 et les statuts précisent l’objet de l’association : « Art. 1 – La société se propose de préserver les enfants pauvres de la ville de Lyon et de ses faubourgs, du vagabondage et des autres suites funestes de l’abandon dans lequel se trouvent la plupart d’entre eux, de faciliter leur avenir en leur inspirant les principes et les habitudes d’une vie proche et laborieuse ; de suppléer enfin, par leur éducation morale et physique, soit à l’insuffisance, soit à l’incurie des parents. ». Le décret de reconnaissance d’utilité publique est signé 10 ans plus tard, le 18 avril 1850, par Louis-Napoléon Bonaparte, encore président de la République.

Solidarité – Mérite – Émancipation

À l’heure actuelle, plus que jamais, nous considérons que l’accès à l’enseignement est le fondement de la liberté individuelle et de l’émancipation. L’idéal de solidarité entre les générations existant toujours pour nous, le Patronage alloue, sur les fonds collectés et après étude des dossiers, des aides financières et morales aux jeunes poursuivant et réussissant leurs études qu’elles soient générales, techniques ou universitaires. Nous honorons également le travail intellectuel et le travail manuel. Si nous devions avoir une devise, ce serait Solidarité – Mérite – Émancipation :

  • Solidarité, face à des situations financières très précaires ;
  • Mérite, face à des étudiants pleins de talents qu’ils ne peuvent s’exprimer pour des raisons d’argent ou de famille ;
  • Émancipation, pour que chacun de nos pupilles trouve la voie de leur accomplissement, de leur dignité. C’est le jeune que nous aidons, pas la famille.

Un fonctionnement assurant le suivi des pupilles

Notre organisation : un bureau : président, un conseil d’administration de 24 administrateurs. Certains sont d’anciens pupilles du Patronage qui ont à cœur d’aider à leur tour ; deux commissions internes (finances, communication et gala) ; des délégué(e)s (un vingtaine). Des réseaux d’aide aux pupilles sur les thématiques suivantes : vie quotidienne (logement – santé – alimentation – habillement – équipement informatique), emploi et stage, aide juridique et administrative. Ces réseaux pourront faire appel aux compétences et savoir-faire de nos membres, afin d’aider à trouver des solutions à certaines difficultés pratiques et conjoncturelles des pupilles.

Le Patronage se réunit au moins une fois par mois en Conseil d’administration, auquel assistent les délégués. Chaque lettre de demande de soutien est reçue par le bureau qui vérifie sa recevabilité (essentiellement d’âge et de lien territorial), puis la communique au Conseil d’administration qui décide de confier ou non une enquête à un administrateur/délégué. Celui-ci, après avoir rencontré l’étudiant, constituera un dossier, où est pris en compte le projet, la motivation de l’étudiant, les ressources, le budget et tout autre élément de nature à éclairer la décision des administrateurs. Il présente ce rapport au Conseil qui vote, après débat, un montant d’aide éventuelle. Dès lors, un parrain ou une marraine est désigné pour soutenir, conseiller si nécessaire, et tenir le Patronage informé de l’évolution de ses études de son filleul. Si, pour la plupart, l’aide financière est primordiale, pour certains, ce soutien moral, l’assistance pratique du patronage sont parfois aussi, voire plus important, que l’aide pécuniaire. Cette bourse pluriannuelle et accordée jusqu’à la fin des études est réévalué chaque année selon les résultats et l’évolution de la situation personnelle du jeune. Les parrains et marraines : certains continuent la tradition d’aider leurs pupilles de leurs deniers personnels lorsque les besoins dépassent le montant maximum de la bourse, voire de les prendre en charge comme leurs propres enfants, allant jusqu’à les héberger.

En 10 ans, 277 jeunes aidés et 780 000 € de bourses versées

L’origine des dossiers : les services sociaux, des proviseurs, des enseignants, des membres du Patronage, leur entourage familial ou professionnel, et parfois par l’intermédiaire d’étudiants déjà aidés.

Les bourses : le montant annuel est de 2 500 € maximum à ce jour. Nous avons également introduit la possibilité d’accepter des demandes dérogatoires (essentiellement par rapport aux conditions de nationalité).

Les critères d’éligibilité : être âgé de 16 à 25 ans révolus (jusqu’à la veille de l’anniversaire des 26 ans) ; ressortissant d’un État membre de l’Union européenne  ; avoir un lien avec le département du Rhône (domicile ou étude) ; poursuivre des études initiales permettant de déboucher sur un emploi, et avec une réelle motivation, assiduité et bons résultats  ; avoir de grosses difficultés financières ou personnelles (rupture familiale)  et, surtout, faire une demande personnelle, écrite et motivée.

Les études demandent de plus en plus un financement allant au-delà des possibilités des familles… écoles coûteuses, masters, stages hors région ou à l’étranger nécessitant un hébergement, équipement informatique de base. Nous avons des étudiants qui terminent leurs études supérieures sur toute la surface du globe (Europe, Amériques, Asie). Les étudiants qui se présentent à plusieurs concours de grandes écoles doivent prévoir les frais de constitution de dossier pour chaque concours et les frais de déplacement et d’hébergement pour s’y présenter, coût qui peut s’élever jusqu’à 1 500 euros.Certaines filières, notamment professionnelles, nécessitent une documentation et un outillage important et coûteux, et il arrive que l’étudiant ne puisse pas trouver de stages pratiques dans les environs.

En 2000, c’était une vingtaine d’étudiants suivis et 20 000 € de bourses ; en 2022, 64 filleuls et 51 400 € de bourses. Nous sommes montés en 2017, à près de 95 000 € d’aides ; mais avec la Covid, nous avons eu un ralentissement des demandes et commençons à revenir à la situation antérieure. Bref, sur 10 ans de 2012 à 2022, c’est 277 jeunes aidés et 780 000 € de bourses versées. Ce chiffre souligne l’augmentation de notre effort en faveur des jeunes, mais peut-on s’en réjouir ? Cela signifie un fort accroissement de la précarité des étudiants et de leur famille, une dégradation de leur quotidien. Nous ne pouvons que le déplorer. Il nous reste encore beaucoup de travail, l’heure du repos n’est donc pas arrivée !

Nous ne bénéficions d’aucune subvention publique. C’est un choix, car nous voulons que notre solidarité soit active et impliquée. Reconnu d’utilité publique, notre activité et la comptabilité font l’objet de rapports soumis chaque année au ministère de l’Intérieur et à la préfecture du Rhône. Pour encore plus de sûreté et de transparence, nos comptes sont validés par un commissaire aux comptes indépendant, alors que ce n’est pas une obligation légale pour nous. Enfin, faut-il le souligner, ses membres, tous bénévoles, et il n’y aucun frais de représentation. Trois types de rentrée nous permettent de continuer notre action : les revenus de placements des legs, les bénéfices du gala annuel et les dons des personnes physiques et des entreprises.